- béotien
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• 1715; gr. boiôtios « habitant de la Béotie », réputé pour sa lourdeur1 ♦ Personnage lourd, peu ouvert aux lettres et aux arts, de goûts grossiers. C'est un béotien. — Adj. Avoir des goûts béotiens.2 ♦ Personne profane (dans un domaine). C'est un béotien en musique. — Adj. Je suis béotien en la matière.⊗ CONTR. 2. Fin.Synonymes :- fruste- grossierContraires :- athénien- finbéotien, enneadj. et n.d1./d De la Béotie.d2./d Lourd d'esprit, ignorant (les Béotiens passaient pour tels parmi les anciens Grecs).⇒BÉOTIEN, IENNE, adj. et subst.A.— Emploi adj.1. HIST. ANC. Qui concerne les Béotiens, habitants de la Béotie, province de la Grèce ancienne. La Confédération béotienne. Organisation fédérale des principales villes de Béotie, créée pour débattre sous la présidence des Béotarques des affaires importantes de la région (d'apr. LAVEDAN 1964 et la plupart des dict. gén.).— Péjoratif :• 1. La vaine faconde d'Athènes, qui n'étonnait plus le monde que par ses flatteries envers les rois; la gloutonnerie et la stupidité béotienne qui décrétait la paix perpétuelle, et ruinait la cité en festins; enfin l'épuisement de Sparte et la tyrannie démagogique d'Argos, tout cela ne pouvait tenir contre les intrigues, l'or et les armes de la Macédoine.MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 52.2. P. ext., iron. et péj. Qui présente les caractéristiques de l'esprit, de l'attitude prêtés aux Béotiens (infra B 2). Avoir une oreille béotienne, une vie, des mœurs béotiennes. Synon. épais, inculte, lourd, lourdaud; anton. fin, raffiné, spirituel; athénien :• 2. Mais mieux qu'un autre vous comprendrez sans doute toute la douceur que deux ames bien nées trouvent à s'occuper des beaux-arts, qui font le charme de la vie au milieu des tourmentes sociales; nous ne sommes point béotiens, monsieur, vous le voyez par ces paroles.MUSSET, Lettres de Dupuis et Cotonet, 1836, p. 658.Rem. Le journaliste Louis Desnoyers, avec son ouvrage Les Béotiens à Paris, 1831, popularisa ce mot dans son sens iron. et péj. (d'apr. FRANCE 1907).B.— Emploi subst.1. Personne qui habite la Béotie, ou en est originaire.— LING. Le béotien. Dialecte grec parlé dans la Béotie ancienne.2. Iron. et péj., p. allus. à l'esprit des Béotiens, tel qu'il a été caractérisé par les Athéniens. Celui qui est lourd d'esprit, grossier, peu cultivé, indifférent à la production littéraire et artistique. Être un Béotien; avoir des goûts, des mœurs de Béotien. Synon. goujat, malotru, mufle, rustre :• 3. André, que tant d'ambitieuses illusions berçaient encore, ne pouvait rien comprendre à l'attitude de son père, et le traitait en Béotien incompréhensif et obstiné.R. MARTIN DU GARD, Devenir, 1909 p. 160.Rem. Le plus souvent associé à des adj. dépréc. tels que épais, lourd, stupide, ignorant, grossier, etc.— Fam. Personne qui ne possède pas des connaissances suffisamment précises, dans un domaine particulier. Être un Béotien en la matière. Synon. ignorant, profane; anton. spécialiste.PRONONC. :[
], fém. [-
]. Cité par GRAMMONT Prononc. 1958, p. 83, au nombre des ex. illustrant la règle selon laquelle ,,le t devant i suivi d'une voyelle (même d'un e féminin muet) se prononce le plus ordinairement comme s sourd``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1715 adj. « indifférent à la beauté artistique » (LES., Gil Blas, VII, 3 dans DG : Tu n'as pas, je t'assure, l'oreille béotienne); 1831-32 subst. « pers. à l'esprit lourd », supra, L. Desnoyers.Par synecdoque à partir de Béotien « habitant de la Béotie, province centrale de la Grèce » 1530 (DIODORE, trad. Ch. de Seyssel, 7b dans Revue du XVIe s., t. 8, p. 256 : Quand Alexandre deffist Thebes, il bailla leurs terres aux Beociens, qui estoient alentour); dér. de Béotie, suff. -ien. Le gr.« de Béotie » (Iliade, 17, 597 dans BAILLY) est déjà attesté au sens de « lourdaud » (PLUTARQUE, M. 995 e, ibid.).
STAT. — Fréq. abs. littér. :32.BBG. — LAJAUNIE (M.-A.). Préjugés et langage. Vie Lang. 1968, p. 669.béotien, enne [beɔsjɛ̃, ɛn] n. et adj.ÉTYM. 1715, adj.; grec boiôtios « béotien », les habitants de la Béotie ayant, à Athènes, la réputation d'avoir l'esprit lourd.❖1 Hist. Habitant de la Béotie, province de l'ancienne Grèce. || Un Béotien. || Une Béotienne. — Adj. || La Confédération béotienne.1 Les anciens avaient déjà remarqué les contrastes correspondants de la Béotie et de l'Attique, du Béotien et de l'Athénien : l'un (le Béotien) […] était mangeur, buveur, épais d'intelligence (…)Taine, Philosophie de l'art, IV, 1 (→ Athénien, cit. 4).♦ N. m. Ling. || Le béotien : dialecte de l'ancien grec, qui se parlait en Béotie.➪ tableau Classification des langues.2 Fig. et littér. Personnage lourd, peu ouvert aux lettres et aux arts, de goûts grossiers. ⇒ Lourdaud, rustre. || C'est un béotien.2 Si tu ne m'avais pas interrompu, stupide béotien que tu es, tu le saurais il y a longtemps.3 (…) dans un décor de plus en plus quelconque devant des assemblées où les béotiens dominent (…)Loti, Figures et Choses…, p. 129.3 Personne profane (dans un domaine). ⇒ Ignorant, profane. || C'est un complet béotien en mathématiques, en musique. || Je ne vais pas montrer mes aquarelles à ces béotiens.4 Ce regard de connivence avec lui, ce petit air narquois, légèrement supérieur mais indulgent qu'ils ont quand en leur présence un béotien se met à s'extasier, alors qu'il est évident que cela justement, cette partie-là, ce n'est pas mal fait (…)N. Sarraute, Vous les entendez ?, p. 200.5 Je m'empresse aussi d'ajouter que même le béotien que je suis s'incline respectueusement devant le complexe d'Œdipe, dont la découverte et l'illustration honorent l'Occident et constituent certainement, avec le pétrole du Sahara, une des explorations les plus fécondes des richesses naturelles de notre sous-sol.R. Gary, la Promesse de l'aube, p. 79.♦ Adj. || Je suis béotien en la matière.❖CONTR. Artiste, délicat, fin, raffiné, spirituel.DÉR. Béotisme.
Encyclopédie Universelle. 2012.